RÉINDUSTRIALISER, OUI. MAIS AVEC QUELS MOYENS ?
Le gouvernement entend réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies, en invoquant l’urgence budgétaire. Derrière la promesse de transformation, ce sont des coupes claires qui s’annoncent : non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, gel des revalorisations sociales, remise en cause de prestations, remise en question de jours fériés et réduction du périmètre de l’État. Dans ce cadre, le budget alloué à la planification économique – 245 millions d’euros par an – apparaît dérisoire face à l’ampleur des défis. Les objectifs apparaissent volontaristes : relocalisations, filières stratégiques, souveraineté industrielle… L’ambition de la réindustrialisation s’affiche, mais une fois encore l’écart entre les intentions annoncées et les moyens mobilisés interroge.
Soyons clairs : on ne relance pas une industrie avec des incantations ni avec des miettes. Ce que nous attendons, c’est une politique industrielle dotée de moyens à la hauteur, pensée sur le temps long, construite avec les territoires et les salariés. On ne reconstruit pas un tissu productif et industriel sans celles et ceux qui le font vivre au quotidien. FO Métaux défend une réindustrialisation fondée sur le respect des savoir-faire, la justice sociale et la responsabilité partagée. Cela suppose un État stratège, des financements ciblés, et un dialogue social réel. À l’heure où les grandes entreprises continuent de recevoir des milliards d’euros d’aides publiques sans condition, il est temps d’exiger transparence, évaluation et contreparties. Le syndicalisme libre et indépendant, tel que nous le défendons à FO, est aujourd’hui le seul contrepoids crédible face aux logiques court-termistes et aux décisions prises sans concertation. Il n’y aura pas de réindustrialisation durable sans dialogue social fort, sans représentation active des salariés, sans vigilance sur les conditions de travail, l’emploi, les salaires et l’orientation stratégique des entreprises. Nous n’acceptons pas que la rigueur budgétaire serve de prétexte à l’oubli des salariés. La réindustrialisation ne se décrète pas depuis un bureau. Elle se construit dans les ateliers, les négociations d’entreprise, les choix d’investissement et les instances de gouvernance. Elle exige des syndicats libres, écoutés et reconnus, garants de l’intérêt collectif face aux logiques de court terme. C’est dans cet esprit que notre Fédération déploie le plan AGIR, pour accompagner les militants, renforcer la présence syndicale et faire entendre la voix des salariés là où se jouent les décisions. Parce que les grandes orientations nationales n’ont de valeur que si elles trouvent un écho dans la réalité du travail quotidien, nous continuerons de défendre une réindustrialisation qui n’oublie pas ceux qui la rendent possible.
Valentin Rodriguez
Le lien : Fédération FO de la Métallurgie